Séminaire des chefs d’établissements et des directeurs Zone "Moyen-Orient/Ouest" à l’Auditorium du Grand Lycée Franco-Libanais (06/03/07)

Monsieur le Secrétaire général de l’A.E.F.E.,
Madame la Responsable adjointe du service pédagogique,
Messieurs les Inspecteurs,
Mesdames et Messieurs les chefs d’établissement,
Chers amis,

C’est avec plaisir que j’ai répondu favorablement à la proposition du Service de coopération et d’action culturelle de venir vous dire quelques mots ce matin, à l’occasion de l’ouverture de ce séminaire des chefs d’établissements et directeurs d’école du réseau de l’AEFE de la Zone « Moyen Orient / Ouest », qui regroupe le Liban, la Syrie et la Jordanie. Il s’agit d’un rendez-vous annuel majeur.

Permettez-moi tout d’abord de remercier M. Jean-Michel HERTZ, Proviseur du Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth, qui nous accueille aujourd’hui dans ses locaux pour cette réunion régionale. Il lui revient désormais la lourde tâche d’assurer le suivi de la coordination des programmes de formation pour l’ensemble de la région, prenant ainsi le relais du Collège protestant, dont je salue ici le Proviseur, Mme Michèle EYRARD, que je remercie d’avoir accompli cette tâche avec dynamisme et dévouement au cours de ces dernières années.

Naturellement, la plupart d’entre vous ici présents travaillez au Liban. Mais vous ne m’en voudrez pas de continuer en adressant un amical salut de bienvenue à nos invités venus de l’étranger :

- tout d’abord, nos amis de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger :
* M. Luçay SAUTRON, Secrétaire général de l’AEFE,
* Mme Claudine BOUDRE-MILLOT, Responsable adjointe du Service de pédagogie.

- ensuite, nos partenaires de l’Académie de Créteil qui vous accompagnent de longue date dans votre réflexion sur les questions de formation :
* M. Jean-Paul BELTRAMONE, Directeur académique de la formation continue,
* M. Yves CHEMLA, son collaborateur.

- fin, vos collègues venus de Jordanie et de Syrie :
* M. Guillaume CARIO, de l’Ecole française d’Amman,
* MM. Gérard DELESTRE et Stéphane BERTRAND-BOURLAUD, de l’Ecole française de Damas,
* M. Stéphane HAMEL de l’Ecole française d’Alep.

Bienvenue à tous. Vous arrivez pour cette réunion dans un Liban qui vit des heures particulièrement difficiles, ce qui nous avait conduits à reporter ce séminaire initialement prévu au mois de janvier dernier.

Cette situation intérieure du Liban, qui n’est que le reflet de la situation préoccupante qui prévaut dans l’ensemble de la région, reste aujourd’hui encore marquée par l’incertitude, une incertitude qui - si elle se devait se prolonger - condamnerait inexorablement ce pays à la paralysie politique et économique. C’est pourquoi la communauté internationale s’est fortement engagée ces derniers mois aux côtés du Liban pour l’aider à surmonter les séquelles de la guerre injuste et cruelle dont ce pays a été victime l’été dernier.

Au tout premier rang de ses amis, le Liban a naturellement retrouvé la France. Le Président de la République n’a ménagé aucun effort pour venir en aide au peuple libanais, et c’est à sa détermination que l’on doit le récent succès de la Conférence de Paris III, qui a permis de collecter une aide financière internationale considérable pour relancer l’économie du Liban et l’accompagner dans son programme de réformes.

Le Liban et les Libanais veulent vivre normalement. Le Liban veut pouvoir construire pour ses enfants un avenir de paix et de prospérité. Et je sais combien les chefs d’établissements au Liban, aujourd’hui présents à ce séminaire, partagent cette volonté et font preuve, dans l’accomplissement de leur mission, d’une ténacité admirable, faisant fi de la morosité et du fatalisme ambiants. Je tiens aujourd’hui à rendre hommage à votre énergie et à votre foi en l’avenir : mais soyons réalistes, la situation est lourde de menaces dans le pays, même s’il faut faire des différences entre les régions. D’où l’importance à mes yeux des questions de sécurité et la priorité que j’accorde à votre action dans ce domaine. La sécurisation de vos accès, la protection des locaux, les relations avec les Forces de Sécurité Intérieure, l’établissement d’un climat de sérénité pour les parents comme pour les enfants, la nécessité aussi d’éloigner la politique des établissements : autant de priorités à mes yeux dans vos fonctions de chef d’établissement.

L’engagement résolu de la France au Liban et dans toute cette région, notamment pour ce qui est du soutien apporté à vos établissements, ne répond pas seulement à une volonté d’assurer la plus large diffusion possible à l’enseignement français, il est aussi et peut-être surtout le témoignage de notre volonté de partager les valeurs que cet enseignement promeut : tolérance et respect de l’autre, démocratie, liberté, laïcité, autant d’éléments indispensables à la formation de citoyens responsables, capables à la fois d’engagement et de dialogue.

A vous tous, dans le cadre de cette zone « Moyen Orient / Ouest » qui regroupe le Liban, la Syrie et la Jordanie, vous représentez plus de 45 000 élèves répartis dans 8 établissements conventionnés et pas moins de 28 établissements homologués, puisque ces derniers viennent d’accueillir en leur sein deux nouveaux venus que sont le Lycée de Ville de Zouk et le Collège de Notre Dame de la Délivrande d’Araya, que je salue ici et auxquels j’adresse tous mes vœux de succès.

Plus de 45 000 élèves : ce chiffre impressionnant, une académie en France, donne une juste mesure de l’effort que la France déploie avec vous pour l’enseignement français dans la région, mais aussi l’attrait que celui-ci suscite auprès des parents d’élèves dont vous avez la charge, et le gage d’excellence qu’il représente à leurs yeux et dont attestent les brillants résultats de vos élèves tant au baccalauréat qu’au concours général.

Naturellement, ce réseau très dense se concentre principalement sur le Liban, comme le montre clairement l’assemblée de ce matin, puisque le réseau de l’AEFE scolarise ici à lui seul plus de 43 000 élèves, dont je tiens d’ailleurs à rappeler que moins de 20 % ont la nationalité française, ce qui montre bien l’importance vitale de ce dispositif pour le renouvellement de la francophonie dans cette région du monde. C’est là notre priorité collective, l’enseignement, et l’enseignement en français. Il s’agit pour nous d’un vecteur d’influence majeur au Liban, au Proche-Orient, dans le Golfe et en Afrique. Plus que jamais, le Liban est notre porte d’entrée naturelle au Moyen-Orient par l’éducation. Je rappelle souvent que sur les 20 000 élèves qui passent le baccalauréat français chaque année dans le monde à l’étranger, près de 2 000, soit 10 %, sont au Liban. Ce chiffre est tout un symbole.

Ce réseau libanais est extrêmement divers et rassemble des établissements homologués ayant des identités spécifiques, une organisation administrative et pédagogique propres, dont il convient d’organiser la complémentarité avec les établissements conventionnés plus strictement calqués sur le système éducatif français. Certes, la grande diversité des organismes gestionnaires ne favorise pas, a priori, l’unité de ce dispositif puisque se retrouvent côte à côte le réseau de la Mission Laïque Française, dont le Liban est historiquement la « terre d’élection », les réseaux des congrégations religieuses qui s’efforcent d’unir leurs efforts et leurs moyens, et enfin les établissements indépendants.

C’est pourquoi le principal défi auquel vous êtes confrontés aujourd’hui est celui de la cohérence de ce dispositif, et je me réjouis de l’initiative prise par M. Jean MARION, Conseiller en charge des établissements à programme français au sein de cette Ambassade, qui souhaite constituer un groupe de réflexion des chefs d’établissements conventionnés et homologués, qui devrait se réunir bientôt pour proposer, dans le respect des textes en vigueur, la mise en place de procédures communes, notamment en matière d’orientation.

Un échange plus approfondi entre établissements sur les pratiques et les expérimentations constitue également une condition essentielle pour renforcer cette cohérence et je sais que tel est l’objectif des groupes de réflexion qui se réunissent régulièrement par discipline, le groupe le plus ancien - consacré à l’enseignement des mathématiques - remontant au début des années 90. Je voudrais d’ailleurs saisir cette occasion pour remercier tous les enseignants qui participent volontairement à ces groupes de réflexion si utiles pour l’enrichissement de l’offre pédagogique de votre réseau.

Enfin, ce besoin de cohérence doit aussi se retrouver au niveau de la zone, avec les 3 établissements français situés en Syrie et en Jordanie, avec lesquels il convient - tout en prenant en compte la diversité des situations nationales - de définir une stratégie commune, que votre séminaire a précisément pour but d’élaborer en matière de formation.

Par sa taille même, et le nombre d’élèves qu’il rassemble, votre réseau apparaît comme un vecteur essentiel de francophonie et, en ce mois de mars traditionnellement consacré à la promotion de la langue française, je tiens à souligner le rôle irremplaçable que vous jouez pour que notre langue reste vivante et majeure dans cette région du monde, dans le cadre du plurilinguisme nécessaire. Beyrouth devrait accueillir en 2009 les Jeux de la Francophonie, grand événement culturel et sportif à la préparation duquel vos établissements ne manqueront pas d’être étroitement associés.

Enfin, par sa vigueur et par son inventivité, votre réseau peut constituer une formidable plate-forme de coopération éducative pour les autres établissements scolaires publics ou privés de vos pays, notamment dans ces domaines transversaux comme la sensibilisation à la protection de l’environnement et du patrimoine, aux impératifs de santé publique, à l’éducation à la citoyenneté. J’ai vu d’ailleurs dans votre programme que Mme Françoise Weiss, Attachée de coopération éducative de cette Ambassade, vous ferait part ce matin de ses réflexions à ce sujet.

Vous avez donc deux journées pour élaborer un nouveau plan régional de formation, en espérant que celui-ci ne se heurtera pas, du fait des événements, aux même problèmes de mise en œuvre que celui que vous aviez défini l’an dernier. ll vous appartient au cours de ce séminaire, avec le soutien précieux des représentants de l’Académie de Créteil, de définir votre stratégie en conformité avec les grandes priorités retenues par l’AEFE, à partir des orientations du Ministère de l’Education Nationale et des besoins spécifiques propres à votre zone, priorités que je souhaite ici rappeler brièvement :

- Poursuite de l’ouverture des établissements à la culture et à la langue des pays d’accueil à travers la politique des langues et l’adaptation des programmes.
- Approfondissement de la maîtrise de la langue française.
- Aide à l’orientation des élèves, décisive alors qu’un nombre croissant d’entre eux inscrit désormais son parcours d’études supérieures dans un horizon international.
- Développement de l’enseignement scientifique, essentiel pour se préparer aux défis technologiques et environnementaux que l’homme devra relever au cours des années qui viennent.

La mise en œuvre du plan de formation que vous allez définir à l’occasion de ce séminaire permettra, dans la continuité des précédents, d’enrichir les compétences de vos personnels enseignants et non enseignants, de manière à leur permettre d’accomplir au mieux la mission essentielle qui est la leur : préparer nos jeunes au monde de demain et à ses nouveaux métiers, favoriser leur réussite scolaire pour mieux assurer leur insertion harmonieuse dans la vie professionnelle et citoyenne.

Votre responsabilité est immense. Au Liban comme dans la région, les établissements scolaires sont le socle de notre influence. Partout dans la région, il s’agit pour la France de préparer les générations de demain et c’est là où notre effort collectif doit porter en priorité. Ni l’AEFE, ni la Mission Laïque, malgré les contraintes budgétaires, ne doivent céder à la tentation de replier la voilure. Plus que jamais, en cette période d’incertitude régionale et de difficultés dans ce pays, nous devons rester engagés. Vous, chefs d’établissement, êtes des repères, des points de référence, ceux qui montrez le cap et le chemin de l’avenir, ceux qui inspirez confiance et qui rassurez par votre comportement et l’image que vous projetez. Malgré les difficultés comme le report de la rentrée scolaire, les jours de grève, les jours fériés, il faut continuer et continuer encore les efforts pour prendre en charge tous ces enfants qui veulent étudier et obtenir le meilleur du système éducatif que nous leur offrons. La vie des écoles et des lycées est la base de la vie du pays et c’est sur cela que nous devons continuer à travailler ensemble résolument. J’ai confiance dans votre capacité, dans votre engagement, dans vos très grandes qualités professionnelles, dans votre sens du service public, dans ce travail exigeant d’animer ces établissements qui sont notre fierté ici au Liban comme dans la région.

Je vous remercie./.

Dernière modification : 09/03/2007

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