Tribune des ambassadeurs de France et d’Allemagne au Liban
Le Liban, la France et l’Allemagne partagent la même volonté d’aider les Syriens à rentrer dans leur pays. Dans cette perspective, nous devons combler le fossé entre la volonté des réfugiés de retourner chez eux et leur incapacité, pour l’heure, à le faire.
L’avenir des réfugiés syriens du Liban est en Syrie
Tribune des ambassadeurs de France et d’Allemagne au Liban
Le Liban, la France et l’Allemagne partagent la même volonté d’aider les Syriens à rentrer dans leur pays. Dans cette perspective, nous devons combler le fossé entre la volonté des réfugiés de retourner chez eux et leur incapacité, pour l’heure, à le faire. 83 et 5 : ce sont là deux chiffres que l’on devrait garder à l’esprit s’agissant de la question du retour des réfugiés du Liban vers la Syrie. En effet, les enquêtes les plus récentes menées par le HCR auprès des réfugiés syriens au Liban montrent que 83% d’entre eux souhaitent rentrer en Syrie, mais que seuls 5% d’entre eux envisagent ce retour dans les prochains 12 mois.
Un principe doit primer : tout réfugié a le droit de retourner dans son pays. Nous devons défendre ensemble le droit au retour de tous les Syriens.
L’avenir des réfugiés syriens au Liban réside en Syrie – nous sommes tous d’accord sur ce point, y compris les réfugiés eux-mêmes. Comment expliquer, alors, que seuls 5% d’entre eux envisagent ce retour d’ici un an ? Les réfugiés savent que le Liban ne leur offre aucune véritable perspective économique ; ils savent aussi que nos gouvernements fournissent déjà une aide humanitaire substantielle en Syrie. Les enquêtes prouvent par ailleurs que la destruction des infrastructures n’est pas le principal obstacle au retour des réfugiés dans leur pays.
Le principal obstacle au retour est le climat de peur et d’injustice qui règne en Syrie. Depuis le début du conflit, le régime a arrêté et fait disparaitre près de 70 000 Syriens. Ces arrestations, tortures et assassinats perdurent jusqu’à ce jour. La détention par les services de sécurité syriens est si arbitraire qu’aucun réfugié ne peut, au bout du compte, se prévaloir d’un retour sûr. Ils savent qu’une injustice structurelle les attend, qu’il s’agisse de la saisie des propriétés, des frais administratifs à payer pour les années passées à l’étranger ou l’obtention de documents personnels expirés, ou encore d’un système de justice biaisé qui ne défendra pas leurs droits.
Nous avons un intérêt commun à appeler, d’une même voix, à l’abolition de ces obstacles au retour. Damas doit respecter le droit au retour, ainsi que le droit à la propriété et au logement des réfugiés. Damas doit mettre fin aux arrestations arbitraires et aux poursuites judiciaires. Damas doit également arrêter de restreindre le travail du Haut-Commissaire pour les réfugiés afin qu’il puisse se déplacer librement en Syrie et avoir accès à tous les réfugiés de retour, pour leur garantir une protection.
Ces mesures sont claires et ne sont autres que des obligations dictées par le droit international. Elles ne sont pas liées au processus politique de Genève et dépendent entièrement de Damas. La France et l’Allemagne sont convaincues, cependant, qu’une paix durable en Syrie ne peut être atteinte qu’à travers un processus politique mené sous l’égide des Nations Unies.
Nous reconnaissons le fardeau que porte le Liban. Depuis 2011, l’Union européenne et ses Etats membres ont consenti plus de 19 milliards de dollars pour venir en aide tant aux réfugiés qu’aux populations hôtes – au Liban, dans d’autres pays hôtes et en Syrie-même. Cette semaine, alors que nos gouvernements se réunissent dans le cadre de la 3ème conférence de Bruxelles sur l’aide à apporter pour l’avenir de la Syrie, nous renouvellerons cet engagement envers le peuple généreux du Liban, tout en poursuivant nos efforts pour éliminer les véritables obstacles au retour.
Nous demeurerons aux côtés des Syriens et des communautés hôtes qui les accueillent généreusement au Liban, jusqu’à ce que le retour volontaire, sûr et digne de plus d’un million de réfugiés syriens devienne une réalité.